Journalisme de guerilla

Publié le par Pierre

Dans l'excellent numéro spécial "Ou va la presse?" publié par Courrier International fin juin, un article est particulièrement révélateur de la crise que connait actuellement notre profession. Invitée à raconter ses 30 ans d'expérience de journalisme devant les diplômés frais émoulus de l'Université de Berkeley, Barbara Ehrenreich ne leur raconte pas d'histoires, elle y va cash : son article-compte-rendu est titré "Bienvenue dans une industrie mourante, jeunes journalistes". Après avoir bien vécu de la presse (surtout dans les 90's), puis découvert par hasard que la pige est ce qu'elle préférait faire, elle explique, en partant de son propre vécu, la lente dégradation des conditions de travail, d'abord dans les hebdomadaires, ensuite l'édition et la presse quotidienne. Son analyse finale de la profession de journaliste est lucide mais pas défaitiste et mérite d'être reprise ici, car elle pourrait s'appliquer aussi aux journalistes en France :

"Nous n'appartenons pas à une élite. Nos appartenons à la classe ouvrière, exactement comme tous les journalistes qui, pendant la plus grande partie de l'histoire des Etats-Unis, se sont toujours considérés comme des ouvriers. Nous pouvons être sous-payés, malmenés, renvoyés de façon arbitraire, comme n'importe quel ouvrier du secteur automobile, mécano, gouvernante d'hôtel ou hôtesse de l'air. Il y a cependant une différence: un ouvrier du secteur automobile ne peut pas aller dans son garage et assembler des voitures à la main. Mais nous, les journalistes, nous ne pouvons pas arrêter de faire ce que nous faisons. Dans les années 1970, l'heure étant au journalisme "gonzo". Ce que nous devons faire aujourd'hui c'est du journalisme de guerilla. Et rien ne nous arrêtera".

Voici l'article en version originale

Publié dans Médias Débats

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